dimanche, mars 30, 2008

Maman


Entre les arbres sombres d'un printemps humide, elle se fond. Beaucoup trop grande pour être réellement visible, discrète, à l'égal de ses congénères, elle est là. Campée sur ses très longues pattes, immobile, elle attend. Pas menaçante, tranquille. Magnifique.
On ne peut pas ne pas penser à elle sans son nom, comme l'a choisi Louise Bourgeois : Maman. L' ambiguïté règne, la notre y compris . Peur, répugnance ou séduction, étonnement.... admiration ?
Maman.... celle qui tisse les liens familiaux , qui tisse la toile, la trame familiale. Maman qui protège. Louise bourgeois ne le dit pas...mais ne pourrait elle pas manger papa ? Le père blessant que l'artiste détruira symboliquement avec une oeuvre : Destruction of the father; Une oeuvre ( actuellement à l'exposition du centre Pompidou ) cannibale , comme une mâchoire..
Ce qui est extraordinaire c'est qu'autour de cette araignée géante, les passants circulent tranquillement et que beaucoup d'entre eux ne la voit pas.


Mais "maman" ne doit pas nous empêcher d'aller voir une autre oeuvre de l'artiste, disposée devant le musée du jeu de paume. Un ensemble de blocs de Granit sur lesquels reposent des mains de bronze. De magnifiques mains qui se touchent, s'étreignent, se serrent....et nous rappelle que l'aspect conceptuel de certaines oeuvres ne doit pas nous faire oublier que l'artiste est sculpteur, que le geste, le talent, est là, qu'il donne de l'émotion au bronze et encore nous parle du lien, de la rencontre, du besoin de l'autre.