L'atelier vu par Gaelle F
Le réveil sonne, je résiste, il s’affole…
Un œil ouvert, je botte en touche,
Perspective pénible : on est lundi !
La radio parle, je mélange tout,
Je ne comprends rien, c’est le matin.
Je me lève, m’habille, me lave,
Ou plutôt me lève, me lave, m’habille !
Coiffée, maquillée, petit-déjeuner grillé,
Tartiné, expédié, je suis réveillée !
C’est parti, c’est lundi, et je cours déjà,
En retard et perchée sur mes talons aiguille,
Je palabre, pendue à mon téléphone portable,
Indispensable outil des logorrhées modernes !
Volées d’escaliers mécaniques, je vais vite,
Mes journées sont réglées sur automatique…
Café acte un, café acte deux, café acte trois,
Secondes et minutes s’égrènent, l’heure tourne,
Yeux desséchés, cortex en déliquescence,
Les cervicales tassées par trop de procédures
Ce rythme assassin ratatine ; je finis par rentrer.
Il faut alors un peu de courage pour enchaîner,
Sans transition. C’est le soir et il est déjà tard…
Mais mon carton à dessin à la main, je file !
Me voilà déjà devant la grande porte verte en bois
Je traverse la sombre cour, sonne, et là s’ouvre
Un autre monde : celui de l’atelier ! Serein,
Accueillant, calme, simplement bienveillant.
Je m’installe devant mon chevalet
Et la magie du lieu opère, délicatement.
Mon cerveau gauche - le pressé, l’angoissé,
Le stressé - celui qui achète, vend, négocie
S’éteint, s’efface, se fait tout petit…
Mon cerveau droit se met en piste, naïf,
Fier et heureux d’avoir enfin sa place
Si délaissé qu’il est quotidiennement,
Il s’allume, s’agite, il essaie maladroitement,
Le pauvre, de s’affirmer ! Alors il prend tout :
Les découvertes, la culture, les conseils,
L’art et la manière de faire, les sensations.
Comme le temps est bref à l’atelier le lundi,
Il en joue et se met à l’aise, entre parenthèses,
Et même après être rentrée, il insiste et me permet
De rester pleine d’entrain, légère et apaisée.
Curieusement régénérée par cet intermède
Je fais donc mille choses les lundis soir,
De celles qui font du bien et seules celles-ci,
J’observe la chance que j’ai d’être riche,
Riche de cette possibilité infinie, à peine esquissée
Chez moi de la création. Paysage artistique
Si peu exploré et si indispensable pourtant.
Une façon de penser en somme, donnant un peu
Le pouvoir - l’impression du moins - de savoir
Suspendre le temps, absorbé, aspiré par l’attention,
Inspiré par un mélange inédit de concret, d’abstrait
Espace où l’on réapprend à voir, à sentir, à ressentir,
Mythologie inutile, substantielle et sublime,
Terre fertile oubliée d’émotions dédaignées.
L’atelier, c’est surtout apprendre à être humble,
Si petite que je suis face à l’impossible perfection,
Incapable de retranscrire ce qui est là bêtement posé
Devant moi. Comme devant la page blanche qui tétanise
Cela demande patience, distance, constance enfin.
L’atelier, c’est réaliser qu’on peut créer sans frein,
Travailler de la matière ou peindre des couleurs à l’infini,
Et j’aime ce langage, comme la musique des mots ensemble,
Des phrases inventées, renouvelées sans cesse sans se lasser,
Que je conçois comme une immense nécessité d’expression,
Comme un irrépressible besoin qui monte en moi… d’exister.
Rue Clauzel, le 13 février 2012
Pour Patrice et l’atelier Jamin.
Un œil ouvert, je botte en touche,
Perspective pénible : on est lundi !
La radio parle, je mélange tout,
Je ne comprends rien, c’est le matin.
Je me lève, m’habille, me lave,
Ou plutôt me lève, me lave, m’habille !
Coiffée, maquillée, petit-déjeuner grillé,
Tartiné, expédié, je suis réveillée !
C’est parti, c’est lundi, et je cours déjà,
En retard et perchée sur mes talons aiguille,
Je palabre, pendue à mon téléphone portable,
Indispensable outil des logorrhées modernes !
Volées d’escaliers mécaniques, je vais vite,
Mes journées sont réglées sur automatique…
Café acte un, café acte deux, café acte trois,
Secondes et minutes s’égrènent, l’heure tourne,
Yeux desséchés, cortex en déliquescence,
Les cervicales tassées par trop de procédures
Ce rythme assassin ratatine ; je finis par rentrer.
Il faut alors un peu de courage pour enchaîner,
Sans transition. C’est le soir et il est déjà tard…
Mais mon carton à dessin à la main, je file !
Me voilà déjà devant la grande porte verte en bois
Je traverse la sombre cour, sonne, et là s’ouvre
Un autre monde : celui de l’atelier ! Serein,
Accueillant, calme, simplement bienveillant.
Je m’installe devant mon chevalet
Et la magie du lieu opère, délicatement.
Mon cerveau gauche - le pressé, l’angoissé,
Le stressé - celui qui achète, vend, négocie
S’éteint, s’efface, se fait tout petit…
Mon cerveau droit se met en piste, naïf,
Fier et heureux d’avoir enfin sa place
Si délaissé qu’il est quotidiennement,
Il s’allume, s’agite, il essaie maladroitement,
Le pauvre, de s’affirmer ! Alors il prend tout :
Les découvertes, la culture, les conseils,
L’art et la manière de faire, les sensations.
Comme le temps est bref à l’atelier le lundi,
Il en joue et se met à l’aise, entre parenthèses,
Et même après être rentrée, il insiste et me permet
De rester pleine d’entrain, légère et apaisée.
Curieusement régénérée par cet intermède
Je fais donc mille choses les lundis soir,
De celles qui font du bien et seules celles-ci,
J’observe la chance que j’ai d’être riche,
Riche de cette possibilité infinie, à peine esquissée
Chez moi de la création. Paysage artistique
Si peu exploré et si indispensable pourtant.
Une façon de penser en somme, donnant un peu
Le pouvoir - l’impression du moins - de savoir
Suspendre le temps, absorbé, aspiré par l’attention,
Inspiré par un mélange inédit de concret, d’abstrait
Espace où l’on réapprend à voir, à sentir, à ressentir,
Mythologie inutile, substantielle et sublime,
Terre fertile oubliée d’émotions dédaignées.
L’atelier, c’est surtout apprendre à être humble,
Si petite que je suis face à l’impossible perfection,
Incapable de retranscrire ce qui est là bêtement posé
Devant moi. Comme devant la page blanche qui tétanise
Cela demande patience, distance, constance enfin.
L’atelier, c’est réaliser qu’on peut créer sans frein,
Travailler de la matière ou peindre des couleurs à l’infini,
Et j’aime ce langage, comme la musique des mots ensemble,
Des phrases inventées, renouvelées sans cesse sans se lasser,
Que je conçois comme une immense nécessité d’expression,
Comme un irrépressible besoin qui monte en moi… d’exister.
Rue Clauzel, le 13 février 2012
Pour Patrice et l’atelier Jamin.
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