dimanche, octobre 18, 2009

Outrenoir ou face à Soulages

L'évidence d'être face à un immense artiste, un artiste rare, voilà ce qui s'impose dès le début de l'exposition .
Comme à son habitude, le centre Pompidou a bien fait les choses ; nous sommes guidés en douceur et logique à travers les différentes périodes créatives du peintre. Peu de textes, juste des phrases essentielles de l'artiste.....et du noir, du noir, du noir..!
J'ai toujours aimé la peinture de Soulages des années 47 aux années 80, avant l'outrenoir. Le noir, brou de noix ou huile, y fait vibrer des espaces de blanc ou de couleurs . Dans ce contraste et par la force des compositions jaillit une émotion profonde , difficile à qualifier d'ailleurs... il y a du spirituel là dedans ; Ce que je cherche à exprimer par ce mot c'est un renvoi à l'intérieur de nous même avec un sentiment d'élévation , une joie profonde interrogée sur sa propre nature ...
Puis les "outrenoir", mot crée par l'artiste pour parler d'un autre noir, une autre façon de penser le noir, un autre espace et un autre temps pour cette couleur .
" Outrenoir pour dire : au-delà du noir une lumière reflétée , transmutée par le noir. Outrenoir : noir qui cessant de l'être devient émetteur de clarté, de lumière secrète " Soulages.
Moins facile d'accès cette peinture plus récente joue avec la lumière, avec le reflet qu'elle cherche là ou la peinture a toujours essayé de l'éviter . Notre corps , notre perception de l'espace entre en compte dans l'oeuvre. c'est pourquoi je la dirai un peu plus cérébrale.. encore que , toujours ce renvoi à nous même. les dernières salles ont un coté cathédrale , peut être certains penseront :un coté tombeaux. Le noir n'est pas indifférent à notre mémoire, à notre symbolique ou à notre inconscient.; c'est donc un chemin sensible à parcourir entre des oeuvres magistrales..; pas simple . Il ne s'agit plus de simplement regarder, mais d'être là.


"pourquoi le noir? la seule réponse, incluant les raisons ignorées , tapies au plus obscur de nous mêmes et des pouvoirs de la peinture, c'est :PARCE QUE." Soulages 1986.