vendredi, juin 10, 2011

Monumenta

Quand l'aventure Monumenta a commencé, il y a quelques années, ce fut une révélation avec Anselm Kieffer. Un choc, un enthousiasme..enfin une vraie découverte d'une incroyable richesse qui nous a fait nous précipiter vers Serra l'année suivante...bien décevant....puis vers Boltansky plus riche d'histoire et plus porteur d'humanité mais sommes toutes vite saisi et avec peu de rebonds ou échos, enfin vers Anish Kapoor où le titre "Monumenta " est bien adéquat....mais après...
Bien sur je ne connais pas bien l'oeuvre de cet artiste Britannique d'origine indienne et cette super structure rouge qui a envahi le grand palais a de quoi surprendre par son volume comme un immense ballon gonflable à excroissances qui aurait envahi l'espace..
Hier soir il y avait représentation d'un spectacle chorégraphique ce qui laissait présumer une aventure visuelle et sensorielle particulière. En réalité un ballet au ralenti extrême digne des années soixante dix, que tout le monde ( ou presque ) a poliment laissé se finir avant de sortir.. Quand à l'expérience attendue..pauvre, bien pauvre. Toutefois je peux imaginer que seul, dans cet espace par plein soleil, avec la structure de grand palais qui joue avec celle du"ballon" par transparence, il y aie matière à être impressionné . Il arrive que plutôt que des choses à voir l'art contemporain nous propose des moments à vivre et ce n'est pas la moindre de ces propositions. Mais serrés dans cette structure comme dans un métro, avec des claustrophobes angoissées autour de nous, nous avons trouvé le vécu bien réduit et pauvre. On ne peut que reconnaitre le travail architectural de composition de la structure, l'originalité de sa présence en ce lieu...mais où est donc Kieffer, sa force, sa poésie, sa division de l'espace ouverte à tant de découvertes..???Des années que j'attends de renouveler cette sensation d'être secoué profondément par une oeuvre.
Bon, peut être l'an prochain.

dimanche, juin 05, 2011

Manet, Redon

C'est le jeudi à 19h, Soir de nocturne au musée d'Orsay .Nous avons tenté, réservé trois semaines à l'avance...Manet et son oeuvre justifiaient l'effort . De fait l'oeuvre est conséquente, l'exposition bien faite, si tant est que les petites salles du musée d'Orsay de prêtent à ces grandes expositions . Je m'était fait une joie de retrouver Olympia, le joueur de fifre, l'exécution de Maximilien et surtout les portraits de Berthe Morisot, de Victorine Meurent ou de Georges Clemenceau. Une déception quand au choix : la représentation restreintes d'oeuvres sur les brasseries et pas le tableau sur Venise, que j'affectionne particulièrement . Les oeuvres étaient là...mais les parisiens aussi. Alors nous sommes passés devant les tableaux, nous les avons vus....mais j'en suis ressorti bien déçu, conscient de ne rien avoir fait d'autre que "voir" les tableaux, mais bien conscient aussi de ne pas avoir eu la possibilité de rencontrer l'oeuvre du peintre .Trop de gens, trop de bousculade, aucune intimité avec la peinture...Bref une expo comme Paris en produit en série depuis des années . Ça coute cher alors faut rentabiliser!! Cette culture de série me fait de plus en plus penser à la télé.On consomme la culture comme on le fait du reste : boulimiquement, en grand nombre, rapidement. On amasse dans les recoins de sa mémoire toutes les oeuvres que l'on a vues , on en tient comptabilité, on en parle surtout ..Bien sur le prof de dessin que je suis ne peut que se réjouir de ce grand nombre qui témoigne de son intérêt pour le dessin , la peinture .Apres tout c'est un effet de mode qui rapporte!!

Peu après j'ai voulu expérimenter l'oeuvre de Kapoor. Depuis le choc Anselm Kieffer j'essaie ,en vain, de reproduire l'enthousiasme Monumenta.. Mais il y avait un spectacle dans le cadre de l'expo ...deux heures d'attente..donc nous sommes allés juste à coté voir l'exposition de Odilon Redon. C'était jour férié, il y avait du monde également, mais la taille des salles dispersait un peu le public. De toute façon, Redon est peu connu , donc ne suscite pas d'emblée une nécessité .Par contre le bouche à oreille fait son travail ... et il faut le reconnaitre, des revues comme "l'Oeil" l'ont classée comme "l'exposition à voir".
J'avais acheté mon premier livre sur Redon il y a seize ou dix sept ans en compagnie d'une amie disparue , Françoise Tchernia. Nous aimions tous les deux cette oeuvre particulière et l'exposition était l'occasion d'admirer enfin le noir des fusain et la couleur foisonnante des peintures. Précédant les surréalistes par son rapport à l'inconscient, les fauves par l'usage de la couleur, cet artiste ne rejoint pas ces contemporains impressionnistes . Il explore l'univers intérieur et ses démons, le fantastique.Cela donne naissance à une impressionnante série de fusains somptueux sur papier teinté et de gravures et litho aux noirs et blancs fortement contrastés. Les Pégases..!!!!Extraordinaires ".L'oeil était dans la tombe..." et dans les dessins de Redon, inquiétant,interrogeant, curieux de notre monde qui regarde le sien.
La naissance du fils, Ari, et l'évolution du chemin de l'artiste l'amènent à la couleur. On aurait pu s'attendre à une oeuvre de "valoriste", au vu du travail précédent. Non, il explose dans la couleur et s'y immerge comme il l'a fait du noir et blanc. Toujours symboliste, peut être mystique, amoureux de la nature et des fleurs il se livre à des créations de peintures et de pastels dont les fonds colorés sont aussi vivants que les sujets . Chaque oeuvre est une surprise et un plaisir pour qui découvre.
Alors je suis reparti réconcilié avec les expositions parisiennes, heureux d'avoir croisé ce travail singulier, d'un artiste qui a suivi " son " chemin plutôt que son époque.